Les économies nationales dans ce monde post-Covid portent bel et bien les stigmates de cette épidémie. L’arrêt quasi-total des activités sur les territoires, pendant une période plus ou moins longue, a causé un déséquilibre dans les différents secteurs d’exploitation ou de production de richesse. Les Etats ont donc chacun mis en œuvre différentes politiques de relance, afin de surmonter cette véritable onde de choc dévastatrice. Les pays d’Europe, en mode déconfinement, reprennent peu à peu leurs activités. Différentes annonces d’exception ont été faites, afin de permettre aux pays de réduire au maximum la durée de la récession qui s’annonce.
En Allemagne : l’artillerie lourde est de sortie pour relancer l’économie !
En Allemagne, la chancelière Angela Merkel avait, dès le début du mois de mars, mis en œuvre un premier plan de relance d’envergure de 1000 milliards, via des aides ou des prêts. Angela Merkel a dévoilé, le 3 juin dernier, un second plan de relance qui mobiliserait cette fois près de 130 milliards d’euros supplémentaires sur le reste de l’année 2020 et en 2021. Ce budget considérable à hauteur de 11% du PIB annuel allemand, loin de se cantonner au seul système de santé, est constitutif d’un vrai plan de relance massif touchant plusieurs pans de l’économie.
En ce qui concerne les entreprises, l’Allemagne a mis en place un stimulus d’aides fiscales conséquent avec 50 milliards qui seront débloqués d’ici fin 2021 pour aider les micro-entreprises et les indépendants. Le plan de relance concerne aussi des secteurs spécifiques particulièrement impactés. Ainsi, près d’un milliard d’euros sera mobilisé exclusivement pour la culture, dont les pôles d’activités ont profondément pâti de la crise. Pour les ménages, une aide de 300 euros par enfant sera octroyée pour chaque foyer allemand et la prise en charge du chômage partiel prolongée.
Enfin, la dernière mesure, non des moindres, annoncée par Berlin, concerne la baisse conséquente de la TVA (passant de 19 à 16 % et de 7% à 5% en fonction des produits) à partir du 1er juillet jusqu’à la fin de l’année ! Diminuer cet impôt indirect traduit une volonté de relancer le pays en s’appuyant sur la consommation. Ces mesures d’exception a surpris de nombreux observateurs qui y voient un changement de paradigme économique, une rupture avec son orthodoxie budgétaire. La politique allemande du « zéro déficit » vole aujourd’hui ainsi en éclat.
L’Italie : un plan d’aide pour les entreprises et les territoires
L’Italie, pays le plus touché par l’épidémie au sein de l’UE, a mobilisé un total de plus de 50 milliards d’euros pour sortir au plus vite de la récession. Le gouvernement italien a choisi de miser sur les allégements fiscaux, les incitations financières et les investissements publics. Rome souhaite d’une part aider les emprunteurs italiens, à travers la suspension du paiement de certaines échéances de prêts immobiliers et bancaires. A travers des déductions fiscales et une baisse des impôts sur les sociétés, le gouvernement démontre sa volonté de relancer les entreprises porteuses de son économie. Par ailleurs, le président italien Sergio Mattarella a aussi réservé un budget de 500 millions d’euros pour les différentes communes nationales, afin de relancer les investissements publics. Enfin, des incitations financières destinées aux jeunes diplômés, et même un système d’indemnisation des petits actionnaires, sont au programme.
L’Espagne : vers une réforme globale du dispositif fiscal et la création d’un Revenu Minimum vital
Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé fin mai un plan d’allègement de la fiscalité d’un montant de 6,3 milliards d’euros visant à relancer l’économie et l’emploi dans le pays. Le chef du gouvernement a fait savoir qu’une baisse de la fiscalité était prévue pour les contribuables à revenus moyens ou en précarité. L’exécutif s’est assuré au début du mois de juin de l’adoption du décret-loi créant l’adoption du Revenu Minimum vital, ce qui renforce l’aide aux Espagnols en précarité. De plus, Madrid a redoublé le budget consacré aux aides pour les Espagnols en difficulté, avec notamment 23,1 milliards d’euros de dépenses en soutien à l´emploi. Le plan prévoit également de baisser de 5% le taux d’impôt sur les sociétés (30% à 25%). Des crédits seront octroyés aux petites et moyennes entreprises. Le gouvernement espagnol maintient son soutien aux secteurs d’activité en difficulté, notamment celui du tourisme en accordant 2,5 milliards d’euros de garanties pour les prêts aux entreprises du secteur. Dans le courant du mois de juin, le gouvernement devrait adopter une réforme globale de la fiscalité.
Pays-Bas : protéger les emplois et les revenus des entreprises.
Aux Pays-Bas, le plan de soutien à l’emploi reste central, avec près de 14 des 20 milliards d’euros du programme de dépenses supplémentaires. Le gouvernement néerlandais désire soutenir les autoentrepreneurs et consolider son appui financier aux start-ups. Certaines mesures destinées à favoriser la trésorerie et les besoins en liquidités des entreprises ont été également renforcés. Les autorités ont élargi par exemple le dispositif de report et d’étalement des charges fiscales et sociales. Enfin, le gouvernement souhaite apporter une aide sectorielle d’urgence pour les activités les plus affectées, avec l’octroi d’enveloppes aux exploitations d’horticulture et de pommes de terre, aux opérateurs du secteur culturel ou encore même aux médias régionaux et locaux. Prochainement, une loi d’urgence sera votée et remplacera les différents décrets existants.
Europe : à la recherche d’un consensus pour relancer le projet européen
Au niveau des grandes instances européennes, les différentes institutions présentent à leur tour des plans et propositions de relance dans le but de maintenir la puissance économique européenne. Ainsi la Banque centrale européenne a-t-elle ajouté 600 milliards d’euros à son programme d’urgence, dont le montant total s’élève désormais à 1 350 milliards d’euros. La Commission européenne a, quant à elle, émis le 27 mai une proposition de plan de relance portant sur la protection et la facilitation des investissements transfrontaliers au sein de l’Union européenne. La Commission européenne s’est positionnée en faveur d’un fonds de relance de 750 milliards d’euros, via un mécanisme de mutualisation de la dette entre les différents États membres. Reste maintenant à savoir si les Vingt-Sept arriveront à se mettre d’accord sur le budget et ses modalités d’application. Entre les « frugaux » du Nord, les pays du Sud et les pays de l’Est, les débats s’annoncent vifs, voire houleux…